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L'arriviste



D'évidence, toute sa personne tendait à être sympathique. 
Il saluait l'un, embrassait l'autre, et y allait, à qui lui prêtait l'oreille, d'un commentaire qu'il voulait résolument spirituel.
Il lui arrivait même de s'esclaffer, découvrant ainsi intentionnellement des dents bien trop blanches. 
S'il prenait soin de ne pas toucher à l'alcool, il ne pouvait s'empêcher d'une goinfrerie sans pareil: sur les plateaux que les serveurs présentaient, il raflait et engloutissait, en faisant des mines, tout ce qui lui paraissait d'excellent.

Rien ne l'intéressait plus que la société dans laquelle il n'était pas né. 

Un ego outrancier associé à une sérieuse mégalomanie, (qu'il croyait par ailleurs avoir calmée lors de séances de psychanalyse fort onéreuses) l'obligeait à une vigilance de tous les instants.
Sa jalousie maladive décuplait une cupidité sans limite. C'est ainsi qu'il parvint au cours des années, à s'accaparer des autres, leurs biens, et leurs idées.

Amoral donc, et immoral, opportuniste et osant tout, l'idée me vint qu'il avait, peut-être, avec la complicité d'autres personnes, assassiné, ou fait assassiner.



Guido Mocafico