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Ashes.


*  Elle pense: je vais me décaler, faire comme avant, devenir invisible. 
    S'éloigner des humains est la meilleure façon.

Tout entière, elle se précipite dans le premier trou noir qui se présente. 
Et très vite s'y engloutit. 
Et n’entend plus rien. 
Sinon une vague rumeur. Comme un bourdonnement obsédant. 
Quelqu’un doucement dit : faites attention à la marche.

Alors, elle affronte le grand tourment.

Celle qu'elle aime le plus au monde lui tourne le dos.
*  Little girl blue. Tu me mords au cou.
Elle aimerait la connaître mieux.
Son
 visage est défait. A chacun son chagrin. 

Lui revenait en boucle l’effroyable agonie. La terreur dans le regard. 
Le corps amaigri, brûlant. Et l’impossibilité de dire. 

-  Que voyait-elle qui l’effrayait autant ? 
-  Qui chassait-elle de sa main tremblante ?

La seule manière de l’apaiser un peu était de poser sur son front, déjà fort gris, une main plus vivante et plus fraîche, et de dire comme une litanie: 
je suis là, ça va aller, ça va aller…
Mais rien n’allait.

Garder l’équilibre. 
Tout est là.

Ce que j’aime chez Spilliaert, est ce 'là', justement. 
Le dédoublement dans l’ondulation. 
Et les petites touches ensanglantées, posées sur l’eau, qui font que soudain tout se tient parfaitement dans la toile. 

Spilliaert