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Prozac & cie.


Va pour une chambre d’hôtel
Do not disturb

Du poulet, une salade, du prozac, du vin de Bordeaux et Billie en boucle
Elle s’enverrait des cartes postales


Ça lui avait coupé le souffle : le bruit de l’hélico qui faisait du surplace depuis des heures. Elle en avait laissé ses clés fichées dans la serrure de la boîte aux lettres. Un homme qui habite l’immeuble les lui remettrait plus tard, alors qu’elle les avait cherchées partout : dans la rue, à la banque, au bistrot où elle était allée s’asseoir pour relire le courrier du service public fédéral des finances. Elle avait fouillé ses poches, retourné son sac, avait maudit l’hélicoptère de l’armée qui continuait ses recherches au-dessus de la ville. Elle se sentait en danger, comme dans ses rêves où elle restait debout, calme, absolument sidérée devant un autre chaos ordonné. Il n’y avait jamais de sang, de muscles ou d'os éclatés dans ses visions, mais du feu oui, des boules de feu gigantesques, assourdissantes, qui roulaient sur tout, embrasait tout.
Du napalm puissance X.

Pour tout vous dire, la guerre m'est familière. Elle est inscrite au plus profond de mon être. Je ne me l’explique pas. C'est là, endémique, en surplomb.  
Ma mère se lamentait : je ne comprends pas, je ne pleure plus.

Mais toi, tu as toujours l’océan au bord des yeux. Il se tient vigilant, prêt à te déborder pour un mot, un geste, une lumière. Je le vois bien. Tu  t'empêches tout le temps. Tu fais barrage. Tu ris fort. Tu gères. On croirait que tu es forte.

Quand je me sens triste et vide et maigre, je mange à m’en faire éclater l’estomac. J’avale tout : salé, sucré, acide. Je fume, et je bois du vin à m’en dégoûter pour trois jours.


*  Plus tard, vieille, blanche et nue, elle léviterait de l'autre côté du miroir.
    Plus rien ne l’atteindrait.

    La terreur d'exister à nouveau, s'imposerait bien assez tôt.

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Christine & the queens


* Quand la morsure te brûle, sers t’en et écris.