Il avançait, ralenti souvent, et détourné de sa route par les acacias épineux.
Des mois qu’il n’avait plus longé la mer par ce côté de l’île.
Lorsque le souffle lui manquait, il sortait de sa poche une
flasque plate, et la brûlure de l'alcool le remettait debout.
* Le sel lui desséchait les paupières
Les lieux, saccagés par le dernier ouragan, avaient un peu
reverdis dans l’enchevêtrement des bois morts.
* Tout ce temps à se tenir éloigné
À s’empêcher
La case était détruite. La terrasse et le ponton avaient été emportés.
La saintoise si souvent accostée s'était fracassée aux coraux.
La saintoise si souvent accostée s'était fracassée aux coraux.
Mais il s'était promis qu’en temps voulu, il poserait sur tout ce
délabrement, son vieux barda de pêcheur. Il reconstruirait tout. Enfoncerait les pieux, remettrait la
case sur pilotis, et tresserait comme elle s’appliquait à le faire quand elle ne dormait pas, des
nattes vertes et tendres, douces au corps.
Plus tard, lorsque l’endroit serait à l’identique, il envisagerait sa fatigue et le grand chagrin qui le submergeraient. Et, quand cette nuit viendrait, que le ciel serait là à le fasciner, que la lune plus grande et plus blanche qu’à
l’ordinaire éclairerait les signes qu'elle aimait à tracer, il disperserait au pied du flamboyant ressuscité, la très fine poussière de ses os.
* Comment ranger ses morts quand ils s’agitent encore, si vivants ?
Il se dit que jamais il n’y arriverait tout à fait. Que
tout le rhum qu’il buvait, et le temps qu'il passait à piéger les poissons au bout de sa flèche, le mettrait un jour à la renverse, là même où elle se tenait debout, à nommer les étoiles.
***