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caillou/suite



Elle pensa : déposer un caillou vert sur une tombe, c’est comme signaler son existence à l’éternité.

Elle pensa encore : les grands chagrins sont des tourments tenaces. 
Ils tirent une chaise, s’assoient, et attendent.

De la canopée surgissent parfois des trouées fulgurantes de lumière.
C’est alors que l’envie vient aux vivants de mourir avant l’aube.


***


Après.


Il n’y avait pas, cet après-midi là, de vents forts, de ceux-là que tu aimes, qui dominent et qui emmènent au grand large. Il y avait juste une pluie qui persistait depuis qu’elle était morte, et qui laissait par à coup passer une lumière fort cruelle.

* Que font-ils ces autres compassés à regarder un gazon maigre et détrempé ? Savent-ils seulement qui était l’humain d’avant, pareillement  dispersé ?

Elle aurait aimé qu’on l’enterre dessous une pierre.
Elle aurait aimé l’enrouler dans un drap de lin clair, et l’ensevelir à même la terre. Elle aurait voulu pour elle, des arbres grands et fiers, depuis longtemps enracinés, qui bruissent l’été quand le vent est léger.

 * Oh toi, chère toi, ce n’est plus toi déjà, tes ongles qui bleuissent  …


nu
Matisse