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La femme transportée.


* Lévite, transporte-toi, va à l’extrême et oublie.

Elle se tira vers le haut, et ne pensa plus qu’à ça.

* Socrate drapé, les pieds sanglés, attendait-il stoïque et serein que Phédon lui tendit la ciguë et le datura macéré ? L’Histoire ne dit pas si le philosophe condamné par ses pères hoqueta amèrement.

Elle voulait en se détachant chasser de sa mémoire l’odeur âcre de la décharge fumante, ses essaims de mouches pullulasses, les grognements des chiens galeux. Elle anéantirait de sa cervelle l’amant devenu alcoolique, l’amie qui sans vergogne trahit, le goût du sang dans la bouche, la ceinture qui cingle l’air, les morsures vives des scolopendres qui se tortillent sur la pierre encore chaude.

L’air tout autour deviendrait lourd et l’œil du cyclone la soulèverait jusqu’à l’éblouissement. Plus rien n’aurait d’importance, sinon les courants maritimes. Elle irait au sud, reconnaîtrait la fresque sur l’ancien portail, le livre ouvert qui éclaire, et l’enfant petit, endormi.


George Dimitriev