Pages

Peindre, encore.


Il s’enferme, peint grand, et longtemps.

Il se demande : le sens, où est le sens ?
Il dissèque, séquence, s’obsède, s’efforce.
Il s’outrepasse, s’élève.

Il dort peu. 
Il brûle de lui-même, de la folie des autres.

Il s’émacie, s'hallucine, s’amaigrit, fume.

L’apaisement ne vient pas, ou rarement.
Il veut l’excellence.
Il la sait exigeante, debout, impitoyable dans le détail.  

La guerre est une horreur, pense-t-il. 
C'est un ensemble d'événements qui dépasse l’entendement et pourtant se répète.

* no sympathy for the devil 

Il veut comprendre la soumission, l'odeur des corps, l'infâme tatouage.
Il fouille les ténèbres, triture la matière, cherche la trace, découvre ébloui le vertige fulgurant qui le précipite. 
Il sombre, s'enfonce, s'enlise, goûte à la boue, et tout entier s'engloutit.

Il s'enferme, peint grand, et longtemps.



***