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All alone (Venezia).


L’ensemble de ce qu’elle était devenue, et qu'il vit ou crut voir, le pénétra de part en part. Sa rétine ne retenait que la démarche incertaine, le mouchoir serré dans la main osseuse, la peau devenue fine et sèche, le réseau bleu-noir des veines. 
Les rides la transfiguraient.
Le regard s'était enfoncé, loin.
Le squelette tout entier s’était déglingué. 

*  D'où revenait-elle ?

Le jour frileux déposait par endroits sa lumière.

*  Il avait entendu dans son rire des éclats précieux 
   Et deviné dans ses pas l’attente de tout 
   Le cou était gracieux, et les jambes jolies, il se souvient

Et maintenant, 
défaite et maigre, 
et sombre, 
elle l’effrayait de toute son apparence.

Il attendit qu’elle le reconnaisse. Mais rien ne se passa. Elle le croisa comme elle en aurait croisé un autre. De si près cependant qu’il crut sentir sur sa joue, comme un souffle.

La vibration du téléphone le tira de son abattement.

  -  Où es-tu ?
  -  Je viens de croiser ta mère, elle ne m’a pas reconnu
  -  Clara est morte, il y a six ans 
  -  …
  -  Papa ?
  -  ...
  -  Ne pleure pas
  -  Elle était là, je t'assure, elle descendait la ruelle étroite qui mène au ponton



MarioLeko

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