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Mitsuko.


Enroulée de soie pâle, fardée de blanc, lbouche étroitement écarlate, elle s'occupait à genoux, devant lui, rituelle. 
Froide et délicate comme une porcelaine, n'offrant d'elle-même qu'une image distanciée et faussement soumise, elle gardait ses paupières étirées résolument baissées.
Elle lui tendit le petit bol en céladon rempli de saké tiédi.
L'espace d'une seconde, il respira sa coiffure de jais piqué d'écaille et de fleurs de prunier. 
L'émotion le submergea. 
Il revit Mitsuko qui glissait à petits pas le long du bassin de l'entrée. 


Il savait toute la beauté du dragon tatoué sous l'habit.

Il fit signe à la geisha de se retirer.

Avant que le panneau de papier ne coulisse en entier, elle osa un regard. Ce qu'elle vit la réjouit : l'homme n'avait plus rien d'un seigneur. Il s'était affaissé, et le visage dévasté, il pleurait à gros bouillons sa favorite, son érudite, sa silencieuse, sa délicieuse, sa confidente, son amante assassinée, sa Mitsuko, sa geiko, retrouvée strangulée, nue et bleuie, sur l'étroit chemin de pierres qui mène au pavillon d'été.

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