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Nelson.



Ce qui la sidéra dans l'attitude de Nelson (un petit garçon métissé d’à peine cinq ans, natté de dreadlocks), fut qu'il se tenait assis en tailleur, dans l'obscurité du jardin, face aux grands bambous, les yeux clos. Les avant-bras relevés au niveau du visage, le majeur touchant à peine le pouce, il était comme ancré dans la terre. Rien ne semblait le perturber, et rien non plus n’aurait pu l’arracher à la fascination qu’elle avait de regarder ce petit d’humain, au profil délicat, absolument immobile, qui s’était détaché de tout. 

Elle demanda: vous lui avez appris à méditer ?
Non, répondit sa mère, mais sa maîtresse d'école nous a rapporté qu'il s'absentait parfois de cette manière. Il a dû voir ça dans un film...

Alors, la gorge nouée, elle pensa à Ulysse, son petit-fils, auquel elle était, envers et contre tout, par les liens du sang, reliée.