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ÉTÉ .


Depuis l’aube, des mots épineux lui sortaient de la bouche, et ce n’était plus l’eau du torrent qui l’emportait, mais le vin glacé qu’elle débouchait avec nervosité. Elle le buvait assise, debout, allongée, lasse, épuisée, renversée à terre, dépassée, débordée ; des lianes millénaires s’entrelaçaient à la pierre, se tuant l’une et l’autre. 
Le soleil au zénith liquéfiait la plateforme.

Elle entendait :

-   ce qu’on te reproche est ce qui te fait, unique.
-   laisse le feu sacré te brûler, il est ta part d’éternité.

Elle implorait les vents forts venus des mers de se lever sur la ville.

Elle disait :

-   qu'ai-je fait de ma compassion ? 
-   le bouddha excavé de Bâmiyân me la rendra-t-il ?

Elle demandait:

-   l'homme tatoué de haine s'accomplit-il au combat ?



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